Véritable phénomène de société, les piscines privées se sont multiplié en France ces dernières années jusqu’à dépasser les 3 millions de bassins, enterrés et hors-sol. Devant une telle ampleur, les questions liées au respect de l’environnement et de la durabilité s’imposent comme un enjeu clé pour le secteur. La Fédération des Professionnels de la Piscine, qui joue un rôle moteur dans la recherche et le développement de solutions soutenables, est ainsi à l’initiative de nombreuses avancés.
En effet, les professionnels de la piscine réunis au sein de la FPP sont engagés de longue date en faveur de l’Environnement et de la gestion de l’eau, notamment à travers leur Commission Développement Durable créée dès 2006. Ainsi, le Label Propiscines, qui fête en 2022 ses 10 ans d’existence, intègre depuis ses débuts ce thème parmi les engagements des 556 professionnels concernés.
Ce chapitre se voit renforcer cette année d’une formation sur le guide de recyclage et la norme environnementale « Que faire des déchets et comment anticiper les obligations ? ». En effet, la FPP mène actuellement d’importants travaux en vue de la future réglementation sur les produits et matériaux de construction (REP PMCB). Par ailleurs, son grand projet visant à établir, à l’échelle européenne, la première norme environnementale du secteur devrait voir le jour d’ici 2023. Il s’agit de fournir aux consommateurs des informations claires et précises sur les performances environnementales liées au fonctionnement de chacun des équipements composant une piscine ainsi que de la piscine dans sa globalité.
La France à l’initiative d’une norme environnementale européenne prévue pour 2023
C’est une grande première dans le secteur de la piscine : une norme environnementale européenne devrait être publiée à l’automne 2022 pour entrer en application dès 2023. Ce projet est né à l’initiative de la Fédération des Professionnels de la Piscine et du Spa, qui travaille depuis 2019 à ce grand projet avec l’AFNOR et le Comité Européen de Normalisation (CEN). L’objectif de cette norme est de promouvoir des piscines plus respectueuses de l’environnement. Pour cela les performances environnementales des différents équipements entrant dans la composition d’une pisicne seront classifiées : bassin, dispositifs de traitement de l’eau, de chauffage, d’éclairage, de nettoyage, couvertures, réseau hydraulique, système de filtration, etc.
Un référentiel de pictogramme va être établi afin de classifier ces permormances environnementales et d’offrir un aperçu à la fois aux professionnels de la piscine et aux consommateurs. Cette norme doit favoriser le développement d’équipements avec un impact environnemental limité et maîtrisé et orienter vers un choix de piscine qui utilisera l’énergie de façon optimale.
Recyclage des matériaux des piscines : des initiatives pour anticiper la réglementation
La piscine est un équipement durable qui se compose de différents types de matériaux, bénéficiant pour la plupart d’une solution de recyclage. Pour préparer le secteur à la mise en place de la future réglementation sur la Responsabilité Élargie des Producteurs – Produits et Matériaux de la Construction et du Bâtiment (REP PMCB), la FPP a mené dès 2020 une étude sur les modalités de gestion des déchets auprès de ses adhérents. Cette étude a permis de mettre en lumière les éléments suivants :
- Une grande partie des matériaux des piscines bénéficient déjà de solutions de recyclage ou de réutilisation. En effet, près de 60% des déchets des piscines sont recyclés, 30% sont éliminés ou valorisés énergétiquement et 10% sont réutilisés.
Rappel
Les professionnels de la piscine sont déjà engagés en matière de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), aux niveaux de l’éclairage, des DEEE (déchet d’équipement électrique et électronique) et des emballages des produits de traitement de l’eau (EcoDDS).
- Le poids des déchets des articles de piscines est dérisoire dans la REP bâtiment, évalués à hauteur de 0,1% sur environ 46 millions de tonnes de gisements de déchets.
- L’absence de solutions logistiques de reprise et de recyclage sur tout le territoire pour certains matériaux comme les liners en PVC (qui se changent tous les 10-15 ans) et les membranes armées, les coques en polyester et autres plastiques. La FPP travaille actuellement à la mise en place et la massification de solutions de ces déchets, en lien avec les éco-organismes qui sont reconnus dans le cadre de l’application de la Rep PCMB.
Des initiatives volontaristes pour renforcer le recyclage
La FPP n’a pas attendu l’émergence de la future REP PMCB pour rechercher des solutions au recyclage des déchets piscine. Dans le cas des revêtements, la FPP recense plusieurs initiatives locales volontaristes et travaille afin de transformer ces pratiques individuelles en une filière structurée et d’assurer une fin de vie plus vertueuse à ces équipements.
Ainsi, dans le département des Hautes-Alpes, un industriel mène des tests de faisabilité pour recycler le PVC des liners dans la confection de portes industrielles, de cloisons, de fenêtres flexibles et de géomembranes. Environ 800 à 900 tonnes de liners post-production sont actuellement recyclées par an, soit environ 20% de la masse totale des liners.
Par ailleurs, les entretiens menés avec des professionnels dans le cadre de l’étude ont permis de relever les bonnes pratiques des adhérents de la FPP avec notamment l’intégration dans le devis du coût de la gestion des déchets, la traçabilité et le tri des déchets sur le chantier, notamment des plastiques.
Label Propiscines® : 10 ans d’engagement en faveur de l’environnement et de la gestion de l’eau
Le Label Propiscines®, qui fête cette année ses 10 ans, intègre depuis ses débuts l’environnement et la gestion de l’eau dans sa Charte, qui comprend 5 chapitres (information et service client, respect des règles, qualité des produits et prestations, sécurité et préservation de l’environnement), dont un spécifique sur l’environnement et la gestion de l’eau. En 2022, la FPP renforce l’obligation d’engagement environnemental de la charte Propiscines®.
Il est en effet indiqué que les professionnels de piscines doivent « adopter une conduite responsable en vue de la préservation de l’environnement », « informer (le) client sur les moyens d’économiser l’eau et l’énergie, en suivant les préconisations de la Commission Développement Durable de la FPP », « communiquer les moyens d’utiliser les produits de traitement de l’eau de façon optimale » et remettre « les consignes de sécurité́ qui y sont attachées par l’intermédiaire d’un document adapté ». Enfin, les adhérents s’engagent « à gérer les déchets (dans le but d’un recyclage) tout au long du chantier ».
-45 % d’eau utilisée en 25 ans pour une piscine
Les professionnels de la piscine forment désormais les clients à la préservation de la ressource en eau. Ceci a contribué à faire baisser fortement l’utilisation de l’eau, par exemple les clients ne vident plus leurs piscines entièrement, chaque année, comme autrefois.
L’utilisation de l’eau des piscines familiales représente une faible part de l’utilisation de l’eau annuelle en France, selon la répartition suivante : 0,11% pour le parc total des piscines et 0,02% pour le remplissage des nouveaux bassins. On peut ainsi dire que la totalité des piscines en France, soit plus de 3 millions en 2021, n’utilise que 0,1 % de la consommation globale d’eau du pays.
De plus, l’utilisation de l’eau d’une piscine a largement été réduite en France : -45 % en 25 ans.
Cette diminution drastique est due à l’action coordonnée de deux facteurs : l’innovation, avec notamment l’arrivée de techniques de filtration plus efficientes associées à une bonne circulation d’eau ainsi que la réduction des volumes des bassins.
Les professionnels sont mobilisés pour conseiller les détenteurs de piscines sur les bonnes pratiques à adopter afin de réduire davantage l’utilisation de l’eau dans les piscines. Les consommateurs peuvent facilement retrouver les conseils sur propiscines.fr, le site internet de la FPP :
- Une piscine ne se vide pas chaque année : le renouvellement d’un tiers de l’eau du bassin est largement suffisant.
- Mettre la piscine en hivernage actif : cette technique permet de conserver l’eau de la piscine sans la changer.
- Protéger la piscine avec une couverture afin de limiter la pollution extérieure ainsi que l’évaporation de l’eau.
- Utiliser un procédé filtrant approprié et bien dimensionné.
- La pluie, l’alliée de la piscine : dans la plupart des régions, la pluviométrie permet d’apporter une partie de l’apport en eau nécessaire pour le renouvellement annuel.
Une consommation énergétique réduite
En 40 ans, les avancées technologiques et l’amélioration des équipements de piscines ont permis de réduire drastiquement la consommation d’énergie liée à la piscine. Plusieurs chantiers ont été entrepris par les professionnels pour arriver à ces résultats :
- Les systèmes de chauffage : la consommation a été divisée par 9,5 en 40 ans.
- La filtration : les systèmes de filtration consomment 6,5 fois moins d’énergie qu’il y a 40 ans.
- L’automatisation du bassin permet de piloter la pompe de la piscine et de la faire tourner seulement les heures nécessaires en fonction de la température de l’eau, générant ainsi de substantielles économies d’énergie.
- Les éclairages : les éclairages sont près de 40 fois moins énergivores aujourd’hui qu’il y a 40 ans.
Les professionnels promeuvent également les bonnes pratiques auprès des usagers, telles que l’installation d’une couverture afin d’éviter les déperditions de chaleur et l’accumulation d’impuretés, ou encore un nettoyage régulier du bassin et des filtres.
Un traitement de l’eau raisonné
La désinfection de l’eau de piscine répond à des enjeux de santé publique et permet d’éliminer les bactéries et virus et de maintenir une eau propre. Les produits de traitements utilisés sont les mêmes que ceux utilisés pour le réseau d’eau potable des villes et disposent chacun d’une norme européenne. Rappelons que pour une piscine, 80% de la qualité de l’eau provient de la filtration et 20 % seulement de l’utilisation des produits de traitement de l’eau. Le chlore est le désinfectant le plus courant et le plus connu pour traiter l’eau de piscine ou rendre l’eau potable. Pour maintenir un taux de désinfectant optimal, il existe aujourd’hui des appareils automatiques permettant de toujours respecter la juste quantité nécessaire et réduisant les risques de sous ou surconsommation de produit.
Des alternatives au chlore en galet en voie de généralisation
D’importants progrès ont été faits dans le domaine des produits de traitement et de nombreuses alternatives au chlore en galet, utilisé exclusivement dans les années 80, ont vu le jour, comme le traitement par électrolyse, ozone ou UV.
La piscine traitée par l’électrolyse de sel devient de plus en plus populaire aux yeux des acheteurs de piscine. 28 % du parc en est équipé et désormais près d’une piscine sur deux est vendue avec une électrolyse de sel. L’électrolyseur transforme le sel en chlore inodore et désinfecte l’eau de la piscine. L’eau est très faiblement salée de 1 à 3g/l.
Le traitement à l’ozone est également une solution de traitement de l’eau alternative. L’ozone est un gaz généré à partir de dioxygène, notamment utilisé pour traiter les eaux de consommation courante. Pour traiter la piscine à l’ozone, il est nécessaire de s’équiper d’un ozonateur, appareil permettant de créer de l’ozone. L’ozone nécessite l’ajout d’un produit additionnel pour compléter la désinfection au moment de la baignade.
Les UV générés par un appareil sont également une solution de traitement de l’eau alternative. S’agissant d’un procédé physique, il est nécessaire d’ajouter un produit rémanent qui permet de conserver les propriétés désinfectantes de l’eau de piscine.